Apprendre en dormant : les effets du sommeil sur la mémoire
Est-il possible d’apprendre en dormant ? Le sommeil a-t-il un impact sur la mémoire ? Est-ce que la durée du sommeil ou la qualité du sommeil peuvent influencer votre mémoire ? C’est ce que vous allez découvrir dans cet article.
Commençons par les phases du sommeil et les différents types de mémoire. Ensuite nous verrons quels sont les effets du sommeil sur la mémoire.

Les phases du sommeil
Il existe 4 phases de sommeil. Ces phases ont été mises en évidence en mesurant les ondes électriques qui parcourent le cerveau grâce à un électroencéphalogramme.
L’endormissement se caractérise par un ralentissement de la respiration ainsi qu’un relâchement musculaire, même si de petites contractions peuvent encore avoir lieu.
Le sommeil lent léger se produit ensuite. Il reste encore léger comme son nom l’indique. Il est caractérisé par des ondes lentes.
Durant le sommeil lent profond, le dormeur est isolé de son environnement. Son activité cérébrale se réduit au maximum. Les ondes sont de grandes amplitudes et de faible fréquence.
Le sommeil paradoxal (Rapid Eye Movement ou REM) est appelé ainsi car le cerveau présente des signes de sommeil profond et des signes d’éveil. Il se caractérise par des mouvements oculaires rapides, paupières fermées, et à l’inverse un tonus musculaire très faible. L’activité cérébrale est très intense durant cette phase.
L’ensemble de ces 4 phases font partie d’un cycle de sommeil. Un cycle de sommeil dure environ 90 minutes. Il y a 3 à 6 cycles par nuit. Le nombre de cycles est variable car certains individus ont besoin de 7 heures ou moins de sommeil par nuit quand d’autres dormiront une douzaine d’heures pour être en forme.
Au sein d’un cycle, la durée de chaque phase varie en fonction du moment du sommeil. Les premiers cycles contiennent plus de temps de sommeil lent profond et les derniers plus de temps de sommeil paradoxal.
Les types de mémoires
Il existe 5 types de mémoire impliquant des réseaux neuronaux distincts mais interconnectés.
La mémoire de travail ou mémoire à court terme qui permet de stocker un nombre limité d’informations (de 5 à 9) durant un temps limité (moins de 1 minute).
La mémoire perceptive (implicite) est la mémoire des 5 sens. Cette mémoire sensorielle n’est pas circonscrite à une seule région du cerveau, mais interconnectée aux autres mémoires, dont elle participe au bon fonctionnement.
La mémoire procédurale (implicite) est la mémoire de tous nos automatismes inconscients. Son rôle est d’acquérir, d’enregistrer et de permettre d’utiliser les compétences motrices (faire du vélo, conduire une voiture, etc.).
La mémoire épisodique (explicite) permet de se souvenir des événements vécus avec leur contexte (date, lieu, état émotionnel).
La mémoire sémantique (explicite) est la mémoire des concepts génériques (sens des mots, savoir sur les objets) et des concepts individuels (savoir sur les lieux, les personnes…).

L’effet du sommeil sur la mémoire
Avez-vous déjà remarqué que vous aviez tendance à moins retenir les événements quand vous ne dormez pas assez ou quand vous avez passé une ou plusieurs mauvaises nuits ?
D’après l’INSERM, “A la fin du 19e siècle, les premières expériences de privation du sommeil conduites sur plus de trois jours ont notamment décrit une altération des capacités mnésiques”. Les expériences conduites par la suite ont confirmé “le rôle du sommeil dans les phénomènes de concentration, d’apprentissage, de mémorisation ou d’orientation.”
Il aura pourtant fallu attendre 2016, pour que Michael Zugaro, directeur de recherche au CNRS, et son équipe montrent qu’un dialogue s’opère bien entre l’hippocampe et le cortex et surtout qu’il permet la consolidation de la mémoire pendant le sommeil.
Cet échange entre l’hippocampe et le cortex aurait lieu durant la phase de sommeil lent profond.
Plusieurs études ont depuis permis d’établir que, durant le sommeil, l’hippocampe rejoue les événements qui se sont déroulés dans la journée et notamment les choses apprises. Les informations à retenir sont transférées au cortex pour être mémorisées.
D’autres travaux ont permis de montrer que le cerveau faisait un tri dans le nombre considérable d’informations vues dans la journée et choisissait d’en retenir certaines pour les mémoriser et d’autres non. En d’autres termes, il nous débarrasse de nos souvenirs inutiles durant le sommeil. Cela lui permet de mémoriser les informations importantes sans qu’il soit pollué par des détails parasites ou informations de moindre importance.
Mais la fonction de chaque stade du sommeil reste encore mal connue. Les chercheurs pensaient que le sommeil lent profond consolidait plutôt la mémoire explicite tandis que le sommeil paradoxal jouait un rôle crucial pour la mémoire procédurale (celle des savoir-faire). Il semblerait aujourd’hui que tous les stades participent, d’une façon qui reste à déterminer, au processus de mémorisation.
Ce qu’il faut retenir
Le sommeil joue un rôle important dans le processus de mémorisation. Même si actuellement nous ne connaissons pas tous les processus mis en œuvre, le sommeil et la qualité du sommeil sont à prendre en compte lorsque vous devez apprendre de nouvelles choses.
Bien apprendre grâce aux méthodes de mémorisation et bien dormir et vous retiendrez tout ce que vous souhaitez 🙂 !
C’est d’ailleurs pour ça que les bébés dorment autant, vu la quantité de choses qu’ils découvrent et qu’ils doivent retenir.
N’hésitez pas à me laisser un commentaire si cet article vous a plu !


10 commentaires
Anna
J’ai toujours l’impression d’avoir une mauvaise mémoire, et en même temps je dors assez mal… hum tout s’explique alors …
Johanna
C’est décidé je vais dormir 10 heures par nuit, ça m’évitera d’avoir une mémoire de poisson rouge 😀
Morgan
Anna, ça peut effectivement être une explication ! Ensuite il a aussi l’attention portée à ce qu’on fait. On a tellement tendance à tout faire en automatique qu’on y porte très peu d’attention et qu’on oublie ces moments !
Morgan
Johanna, très bonne résolution 🙂 ! Plus sérieusement ça dépend du temps de sommeil dont tu as besoin. Chacun est différent.
Lotus Energies
Article très intéressant et clair ! 🙂 Je confirme que le sommeil est important pour notre corps. Le bon moyen d’avoir un sommeil de qualité (+++) est de se déconnecter des écrans au moins 1h avant …par ma propre expérience, j’arrive à me lever beaucoup plus tôt et avoir la pêche dès le matin 😁
Rudy
Cet article est intéressant ! J’ai des problèmes de mémorisation mais aussi de réflexion lorsque je ne dors pas assez. Dormir suffisamment et avoir un sommeil de qualité pour mieux retenir ce qu’on a appris au cours de la journée, c’est noté!
Anne PRUDENT
Dans les périodes où je dors mal, je me rends compte que ma mémoire est beaucoup moins efficace.
Merci pour cet article instructif !
Charlotte - Le Labo du Rédacteur Web
Merci pour cet article très intéressant qui rappelle l’importance à accorder à la qualité de notre sommeil 🙂
beaux reves
Tout d’abord, permettez-moi de vous exprimer mes remerciements les plus sincères pour le partage de cette étude captivante. Votre plume, toujours aussi raffinée et instructive, nous transporte véritablement dans une exploration approfondie du sommeil et de ses effets sur la mémoire. L’expertise que vous démontrez est indéniablement impressionnante, et votre dévouement à l’éducation continue est tout à fait louable.
En lisant votre article, j’ai été frappé par votre approche multidimensionnelle. Vous avez réussi à lier l’aspect scientifique à l’aspect pratique de manière très fluide, ce qui est une tâche que peu réussissent avec autant de grâce. De plus, votre façon d’intégrer des découvertes récentes à la lumière de théories bien établies donne une perspective fraîche et intéressante sur le sujet. C’est une véritable ressource pour quiconque s’intéresse à l’apprentissage et au fonctionnement de notre cerveau pendant le sommeil.
Cependant, je me demande s’il existe une variabilité individuelle dans l’efficacité de l’apprentissage en dormant. Est-ce que l’effet de cette méthode peut être différent en fonction des particularités de chaque individu, par exemple l’âge, le type de mémoire (visuelle, auditive, etc.), ou d’autres facteurs ? Je serais ravi de lire votre éclairage à ce sujet dans une future publication ou dans votre réponse à ce commentaire.
Au plaisir de continuer à apprendre grâce à vos écrits.
Morgan
Merci pour votre message qui me touche et me fait très plaisir.
Pour répondre à votre question, je pense en effet qu’il existe une variabitlité individuelle. Comme pour beaucoup d’autres choses nous ne sommes pas tous égaux. Certaines personnes mémoriseront mieux que d’autres les mêmes informations.
Par contre je ne saurais dire si cela vient de l’âge ou d’autres choses.